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mardi 18 septembre 2012

SALEVE - Sidérurgie

Sites d'exploitation des minerais 
de fer et de silice


Par ce frais samedi 15 septembre, nous nous joignons à un groupe de randonneurs venus du Haut-Doubs. Ces passionnés œuvrent à la protection et à la mise en valeur du patrimoine minier de leur région. Pour leur course annuelle, ils ont choisi de visiter les anciens sites d'exploitation des minerais de fer et de silice dans la région des Convers sous la conduite d'Alain Mélo, archéologue et spécialiste en valorisation des patrimoines

Au parking du Plan, un café-croissant est offert aux participants avant le départ pour la visite guidée.

A la Pointe du Plan (1'348m), les explications d'Alain Mélo, nous ramène de -56 à -35 millions d'années quand le Jura et le Salève se soulèvent.

Le Salève, un massif calcaire
Transportés par les glaciers et les cours d'eau, les produits d'érosion des Alpes (molasse, grès, sable) se déposent dans les fissures et cavités du relief calcaire du Salève. Les gisements de fer vont remplir ces failles.

On ne peut exclure des sites d'exploitations à l'époque romaine ou même à l'âge du Fer sur ce massif. Toutefois, l'exploitation prouvée par les chercheurs date des Ve et VIe siècles alors sous domination Burgonde. Pour une cause inconnue, l'exploitation des mines cesse dès la fin du VIe siècle pour reprendre au XIIe et XIIIe siècles. Certains supposent que ce sont les frères Convers, laïcs soumis à la Chartreuse de Pomier, qui relancèrent la production artisanale du fer. D'autres se demandent comment, dans ce désert boisé, (Pomier viendrait d'un mot latin signifiant "endroit isolé"), les Chartreux pouvaient développer une telle activité.
 
Pour valoriser les terres de la Chartreuse, les frères Convers élevaient des moutons. Le bénéfice de l'élevage, viande et fromage, permettait d'acheter l'indispensable à la vie de la communauté. Nous emboîtons le pas à M. Mélo, dépassons le chalet du Plan puis traversons, à l'extrémité du pâturage, une large haie boisée.

Sur l'autre versant, adossées à la haie, les ruines d'un chalet datant du XVIIIe siècle. Dès les XVe et XVI siècles, confirme Alain Mélo, des familles de la bourgeoisie investissent dans l'agriculture de montagne. Des chalets fleurissent un peu partout sur les alpages. On y fabrique des fromages à pâtes pressées cuites pour être vendus sur les marchés ou exportés en direction de Lyon notamment.

Des ruines, on distingue facilement trois parties : l'étable, la fromagerie et l'habitat. Cette exploitation était celle d'une famille de la région, les Berrod. Les propriétaires fonciers agrandissent leur propriété. Dès lors, une seule ferme de montagne suffira pour l'ensemble d'un domaine. Les conséquences de ce remaniement foncier, dès le XVIIIe siècle, sont l'abandon d'un grand nombre de chalets devenus inutiles.

Le temps de prendre une photo des vestiges d'un gisement de fer en affleurement, nous poursuivons le chemin en direction de l'alpage des Convers.

Ici, des amas de scories attestent de la présence d'ateliers artisanaux où le métal était produit dans des bas-fourneaux. Pour le charbon, on utilise le bois de la forêt proche, le hêtre essentiellement. Nous ramassons et constatons que ces grains sont encore lourds, de forte densité. La perte du fer était donc importante, ce qui permet de dire, en plus des datations effectuées par les chercheurs, que ce site remonte à la première période, Ve et VIe siècles.

Un peu plus bas, des monticules de scories parfois importants ont modelé le paysage. Ces exploitations plus tardives, XIIe et XIIIe siècles, utilisaient toujours les bas-fourneaux mais, grâce à l'utilisation de soufflets manuels la température était de 200° supérieure à celle des premiers bas-fourneaux.Ce procédé permettait une meilleure extraction, les pertes du précieux métal étaient donc moins importantes. En effet, les grains, scories que nous soupesons sont plus légers que ceux trouvés plus haut. De beaux cailloux noirs et vitreux plus pauvres en fer que les précédents.

En contre-bas des sites, l'alpage des Convers. On imagine aisément le dur labeur des frères Convers, laïcs illettrés, éleveurs et bergers sur ces pâturages isolés.

Ce fossé, tantôt vide, tantôt débordant, est bien connu des randonneurs qui de l'alpage de la Thuile se rendent à l'alpage des Convers, et vice et versa. Ce fossé n'est pas un cours d'eau naturel, mais un ancien gisement creusé par l'homme pour en extraire le précieux minerai.

Nous quittons l'alpage des Convers, ses vaches et ses ânes pour récupérer nos véhicules et prendre la route en direction des Pitons. Sur les chemins des gisements de fer, la visite de la grotte du Diable s'impose.

La grotte du Diable, d'origine karstique, a été excavée par l'homme pour en extraire le précieux métal. Aujourd’hui, elle sert de dortoir aux Chauves-souris. Nous profitons de la proximité d'un restaurant pour prendre le repas de midi en toute convivialité.

L'après-midi, nous reprenons la route en direction de St Blaise. Nous laissons les véhicules peu avant l'intersection avec la route qui mène au château des Avenières.

Nous pénétrons dans le bois. A moins de 300 m, nous découvrons une carrière de silice. Ces carrières de grès, d'âge tertiaire (50 millions d'années), fournissaient la matière première aux manufactures de verre de Thorens-Glières et de la région. Une célèbre fabrique, fondée par le marquis de Sales en 1750, cessa ces activités en 1861.

La journée s'achève à la Maison du Salève. La vue offre un coup d’œil intéressant sur la Chartreuse de Pomier. Aujourd'hui encore, l'endroit est isolé. Les premiers moines Chartreux avaient donc choisi de s'installer sur des terres inhospitalières, impénétrables, inaccessibles, loin du monde. Ces moines avaient pour mission la copie des Ecritures, la lecture. Le temps était rythmé par les prières. Les frères Convers logeaient dans une autre maison, en contrebas. A eux les tâches domestiques, l'entretien et la mise en valeur du domaine, la conduite des troupeaux et toutes activités devant subvenir à la vie de la communauté. Alain Melo : "En l'absence de documents, de textes qui l'attestent formellement, quelles preuves scientifiques ou historiques avons-nous que les frères Convers travaillaient à l'extraction du minerai de fer ?".

Merci à Alain Mélo qui m'a fait découvrir de nouvelles facettes du Salève