Après des mois de grisaille et de
pluie, le retour du soleil et de la chaleur en ce dimanche 14 avril nous incite à
prendre la direction du Salève. Sur les Crêtes, nous sommes des dizaines à apprécier l'arrivée du printemps.
Sur la route du retour, nous
décidons de nous arrêter au hameau de Bossey situé sur la commune du même nom. En
2012, un peu partout dans le monde, on a célébré le 300e anniversaire
de la naissance de Rousseau. Enfant, Jean-Jacques séjourna à Bossey. Un bon prétexte pour
s’y arrêter.
Aujourd'hui catholique, l'église fut protestante | . |
Nous garons la voiture à proximité de l’église. Le village semble endormi. Peut-être que les
villageois font la sieste.
Le chat, c’est sûr, dort à pattes
fermées. Et les randonneurs ? Le pied du Salève attire moins les promeneurs
du dimanche que le sommet !
En toile de fond : le Salève. La Petite Gorge coiffée de l'antenne-émetteur, à droite la Grande Gorge |
Les maisons sont séparées de la
montagne par les prés et, plus haut, par la forêt. Aujourd’hui encore, cette dernière sert de protection contre les risques naturels. Elle est aussi le refuge de
nombreuses espèces animales et végétales. Les fayards (hêtres) sont-ils encore
exploités pour le bois de chauffage ?
Autrefois, cette ferme du XVIIe siècle
était
propriété de l’hôpital de Genève. Sur ses terres, on y cultivait fruits et légumes, les vaches donnaient
du bon lait, les poules des œufs, le tout pour approvisionner l’hôpital de la cité de Genève.
Les employés s’occupaient aussi du vignoble. Les parchets descendaient le coteau jusqu’à
toucher le bassin genevois. Il semble que « les Blancs de Bossey »
étaient très appréciés à l’époque. Les ouvriers agricoles
n’étaient pas les premiers à
travailler la vigne, un document des comtes de Genève daté de 1178 (Comte Guillaume 1er de Genève 1132-1195) recense la production des vins de Bossey.
Le pressoir témoin d'un passé rural |
En 1424, le comté de Genevois passe
aux mains du Duc de Savoie. En 1860, annexion de la Savoie par la France. L’hôpital
de Genève vend sa ferme. Aménagée en auberge, elle restera longtemps le rendez-vous des
varappeurs au retour d’une grimpe ou des marcheurs redescendant la Grande
Gorge. Un petit verre de « vin clairet » bien frais, quel délice après l’effort !
La production du vin de Bossey cessa au XIXe siècle. Quatre siècles plus tard, le bâtiment porte toujours le même nom : " la
ferme de l’hospital ".
A côté de la porte d'entrée du presbytère une plaque commémorative rappelle que J.J. Rousseau enfant vécût 2 ans au bourg de Bossey. |
La mère de
J.-J. Rousseau décède en 1712, quelques jours après la naissance de ce fils. Le
père, veuf, élève avec amour son fils. Jean-Jacques évoque ces années heureuses
avec tendresse. Or, suite à une « histoire », le père quitte Genève
en octobre 1722 pour Nyon. Le petit Jean-Jacques est mis en pension chez son oncle, le
pasteur Lambercier, à Bossey.
Par dessus le toit de la ferme de l'hospital : le Salève |
J.-J. Rousseau : « Les moindres faits de ce tems-là me plaisent par cela
seul qu'ils sont de ce tems-là. Je me rappelle toutes les circonstances des
lieux, des personnes, des heures. Je vois la servante ou le valet agissant dans
la chambre, une hirondelle entrant par la fenêtre, une mouche se poser sur ma
main, tandis que je récitois ma leçon: je vois tout l'arrangement de la chambre
où nous étions; le cabinet de M. Lambercier à main droite, une estampe
représentant tous les papes, un barometre, un grand calendrier; des
framboisiers qui, d'un jardin fort élevé dans lequel la maison s'enfonçoit sur
le derriére, venoient ombrager la fenêtre, et passoient quelquefois jusqu'en
dedans ».(Œuvres
complètes, Paris, Gallimard « Bibliothèque de la Pléiade »).
En automne 1724,
Jean-Jacques rentre à Genève et commence un apprentissage de greffier.
Bossey, avec sa position en coteau,
offre une belle vue sur le bassin genevois et le Jura. La départementale marque la
frontière avec la Suisse. Plusieurs grands domaines en terres genevoises, adjacents la frontières française,
sont
travaillés par des propriétaires domiciliés en France voisine. C'est la loi des biens-fonds, dans l’ordre des successions des patrimoines.
C'est le cas de la famille Verdonnet,
domiciliée à Bossey, dont l'entreprise horticole est située à 5 minutes de l’autre
côté de la frontière. Ainsi, Bruno Verdonnet et son cousin doivent se soumettre
aux normes des deux pays s’ils veulent écouler leur production de fleurs,
notamment les orchidées, et leurs herbes aromatiques de part et d’autre de la
frontière.
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